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lundi 1 juillet 2013

The Great gatsby (F. S. Fitzgerald), détour dans la BD, et promenade au Salon du Livre de Poche

  Récemment, j'ai enfin lu The Great Gatsby, un livre que j'avais en ma possession et que je désirais lire depuis quelques années déjà, mais l'un de ces livres qu'on range à contrecœur dans sa bibli pour cause de choses plus triviales à faire, et qu'on ne finit par déterrer que longtemps après... (vous voyez tous ce que je veux dire, je parie que vous en avez aussi des piles, comme ça, dans vos étagères). Bref, avec la sortie du film de Baz Luhrmann cette année, je me suis dit qu'il était temps que je le lise, et c'est maintenant chose faite. Sauf que je n'ai pas encore vu le film, donc j'en dirai un ou deux mots plus tard une fois que je l'aurai visionné.

  Résumé :
  The Great Gatsby est LE roman typique des années 20, nommées les années folles ou encore, dans la langue de nos amis anglophones, "the roaring twenties". Au programme : robes de charleston, Jazz Age, fortunes rapides emblématiques du Gilded Age (l'âge des richesses fausses), ivresse des fêtes pour oublier l'horreur de la Première Guerre mondiale avant de sombrer dans la Grande Récession... au milieu de ce contexte, Nick Carraway, le narrateur, vient vivre à New York travailler dans la finance. Il a bientôt la trentaine (âge symbolique de la fin des espoirs de la jeunesse), une condition assez modeste, et connaît peu de monde - mis à part sa cousine Daisy, qui en éblouit plus d'un par sa fraîcheur et sa beauté, et son mari Tom Buchanan, modèle type du système patriarcal, aux opinions conservatrices, qui considère qu'autant sa femme que sa maîtresse lui sont dues. Mais à côté de la demeure miteuse de Nick se trouve la villa du grand Gatsby, cet homme fortuné et mystérieux dont tout le monde parle, et qui accueille toute la société new-yorkaise huppée à ses fêtes multicolores. Nouveau riche, Gatsby est en fait l'ancien amant de Daisy, à laquelle il n'a pas pu se marier car il était trop pauvre ; or, il a bien l'intention de la reconquérir avec ses richesses... un projet tout aussi fou que l'ébriété constante dans laquelle vivent tous les personnages - tous, à l'exception de Nick, seul en retrait par rapport à cette insouciance généralisée, celle de la "Lost Generation".

  De taille assez menue (186 pages dans mon édition, la Penguin Popular Classics, dont la couverture n'est malheureusement pas l'image qui illustre cet article, que je trouve absolument superbe), The Great Gatsby n'en est pas moins une lecture assez difficile. Ca vient peut-être du fait que je l'ai lu en anglais et que la langue utilisée par Fitzgerald est très sophistiquée, et que du coup je prenais mon temps pour peser chaque paragraphe, le relire, m'imprégner de toute la richesse du texte. Si bien qu'en terminant le livre, j'avais presque envie de le lire à nouveau aussitôt afin de prêter attention à plus de détails, plus de chemins de traverse que le texte dessine et finalement ne suit pas... et pourtant, c'est un livre dont j'ai étudié de nombreux extraits au cours de mes études d'angliciste (je connaissais notamment les trois premières pages ainsi que les trois dernières pages par coeur, sans parler des nombreuses descriptions des fêtes de Gatsby qu'on trouve dans tout manuel d'anglais). Donc, un livre très dense, très riche.

  Cependant le livre est porté par une énergie interne, qui repose en partie sur l'agitation incessante de ses protagonistes, et cette énergie nous fait survoler parfois de façon presque légère des pages entières, ce qui contraste avec ces moments de fourmillement où l'on reste vingt minutes sur le même paragraphe de dix lignes, hypnotisé par les mots. Il faudrait que je le lise à nouveau pour décrire mieux ce phénomène, mais en tout cas ce n'est pas de la lourdeur ni de la pesanteur : ce n'est pas le même effet que celui que laisse un roman comme Heart of Darkness (équivalent au niveau longueur), très dense également, mais qui opère distillant du poison dans les veines du lecteur, l'entraîne dans les profondeurs, jusqu'à lui asséner le coup de massue final. Du fait que The Great Gatsby soit narré par Nick, qui se tient à distance par rapport aux autres protagonistes, le lecteur observe leurs folies sans se sentir entraîné dedans.

  Ce que j'ai apprécie avec ce livre, c'est surtout l'oscillation entre moments de cynisme intense, de désespoir en l'humanité, et d'un autre côté, des moments de lyrisme assez époustouflants avec des scènes de contemplation qui laissent béat. La toute première description de Gatsby la tête tournée vers les étoiles à la fin du premier chapitres est le grand tournant qui fait que le lecteur sent qu'il ne peut pas reposer ce livre, je pense. A partir du moment où on a vu Gatsby, peu importe qu'il soit menteur, tricheur, pathétique à certains égards et magnifique à d'autres, lâche, et aussi "gilded" (donc décoré à la surface seulement) que l'âge dans lequel il évolue, il n'en reste pas moins un sujet de fascination autant que de pitié, celui qui absorbe Nick et le lecteur par la même occasion. L'amitié entre Nick et Gatsby d'ailleurs est une des plus intéressantes relations du livre. Parmi ces relations qui ont attisé ma curiosité figure également celle de Nick et de Jordan Baker, une jeune tenniswoman amie de Daisy, insouciante comme les autres mais qui montre un peu plus de profondeur et de distance, comme Nick...

En conclusion : un très beau livre, qu'on aime de plus en plus à mesure qu'on avance dedans. Je regarderai bientôt la version qui vient de sortir au cinéma, puis je re-regarderai la version avec Robert Redford qui est géniale et dont j'avais heureusement oublié la moitié (film regardé quand j'avais douze ans), ce qui m'a permis d'apprécier davantage plusieurs moments de suspense.


  J'ai aussi récemment fait la découverte d'une BD, ce qui est inhabituel pour moi car j'en lis assez peu : Le combat ordinaire de Manu Larcenet. Je n'en ai lu que la première moitié, c'est la coloc du quelqu'un que je fréquente en ce moment qui lit ça et je me suis laissée tenter pendant qu'il préparait le café, et j'ai vraiment bien aimé.
  Marco est un photographe (surtout de guerre si j'ai bien compris) qui abandonne tout à coup son boulot et cesse de consulter son psy qui l'arnaque depuis huit ans. Comme il a un peu d'argent de côté, il se retire à la campagne avec son chat tyrannique pour affronter ses crises d'angoisse et méditer sur lui-même, loin de son père qui a la maladie d’Alzheimer et de toutes les obligations du quotidien...



  Enfin, j'aimerais vous parler un peu du Salon du Livre de Poche de Saint-Maur, auquel je suis allée avec Grazyel le Dimanche 23 Juillet. L'an dernier, j'y avais également rejoint Jamestine et Matilda, et j'avais loupé Alicia de peu, mais cette année pas mal de monde était déjà parti en vacances alors je n'y ai retrouvé que Grazyel (et sa maman).

  On n'a pu y aller que le Dimanche matin, du coup on a loupé des auteurs qu'on aurait bien aimé voir... mais Grazyel a eu la chance de se faire dédicacer par moins de quatre bouquins par Cristina Rodriguez, et j'ai pu apercevoir Francis Huster (que j'avais adoré dans une adaptation au théâtre de La Peste de Camus au Théâtre des Mathurins il y a deux ans), sans aller à son stand cependant, car il y avait une queue à faire peur.

  J'ai fait l'acquisition de Rainbow pour Rimbaud de Jean Teulé, et de G229 de Jean-Philippe Blondel (sur les conseils avisés de certaines). Comme c'étaient deux livres de poche, je me suis vu offrir un polar, sauf que ça ne me disait rien alors on a fait un troc avec Grazyel, qui me l'a échangé contre Délicieuses pourritures de Joyce Carol Oates, et la mère de Grazyel m'a donné La Reine des lectrices d'Alan Bennet (elle était bien contente avec son Connelly dédicacé). Donc je devrais tester tout ça bientôt ! Sans oublier les deux jolis marque-pages et les crayons que j'ai gagnés. En tout cas, le Salon du Livre de Poche, c'est cool, et j'espère y croiser plus d'entre vous l'an prochain !

8 commentaires:

  1. Je me demande bien qui a pu te conseiller Blondel...

    Je suis très déçue d'avoir loupé St Maur cette année, j’essayerais de me rattraper la prochaine fois.
    J'ai lu ton billet sur Gatsby en diagonal puisque je n'ai pas encore découvert le bouquin, mais ça donne envie de s'y mettre.

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    1. Je me demande également qui :D (ce n'est pas comme si cette personne tenait littéralement nuit et jour un couteau sous ma gorge, non non non voyons !)

      Le rendez-vous est pris pour Saint-Maur l'an prochain en tout cas :)

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  2. Comment j'ai pu passer à côté de cet article >< Je suis contente que tu aies aimé ce livre ^^, la dernière version sortie au cinéma est chouette aussi (Mais j'ai toujours tendance à aimer les films de Baz Lurhman!) Tu me donnes envie de voir celle avec Redford du coup ;)
    Sinon c'est vraiment dommage pour St-Maur :( Je me serai bien laissée tenter par d'autres oeuvres de Cristina Rodriguez.
    Moi je me demande bien qui a pu te conseiller Rainbow pour Rimbaud :D J'espère que cela te plaira en tout cas ^_^

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    1. Pas encore vu le film de Baz Luhrmann, mais ça ne saurait tarder... j'avais beaucoup aimé Moulin Rouge (revu récemment, j'ai été très agréablement surprise car je me souvenais en être ultra fan quand j'étais ado mais après j'ai eu une phase "rejet des histoires romantiques", du coup je ne l'avais pas vu depuis des années), en revanche Roméo + Juliette m'avait laissée un peu perplexe (on l'a regardé en groupe de spé anglais en 1eL après avoir étudié la pièce pendant des semaines, tout à coup on voit des hélicoptères et des fusils, on s'est senti dépaysé XD), et Australia je ne l'ai jamais vu... donc je vais compléter mon opinion avec Gatsby :D j'adore les acteurs de toute manière donc ça devrait passer ^_^

      Haha, beaucoup de gens qui se demandent ce qui a pu m'inspirer ;) ! Je me souviens que tu m'avais dit aimer Teulé et puis j'avais déjà remarqué ce bouquin je ne sais plus où parce qu'évidemment il y avait Rimbaud dessus et que je trouvais le jeu de mots plutôt accrocheur, du coup je n'ai pas hésité :p

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  3. Ah, "The Great Gatsby" ! Comme tu le sais, je l'ai lu il y a peu juste après avoir vu le film de Baz Lurhmann qui ne m'avait pas transcendé malheureusement (comparé à "Moulin Rouge" et "Australia" en tout cas) mais c'est clairement une adaptation à voir pour se faire une opinion personnelle. J'avais été aussi charmé par le lyrisme de Fitzgerald et encore, je l'ai lu en français malheureusement mais je l'ai en anglais dans ma bibli (arme essentielle après une prépa littéraire xD) donc je compte le relire dans un ou deux ans pour savourer le travail de la langue. J'avais aussi été touchée par la relation Nick/Jordan, dommage qu'elle soit légèrement sous-développée (et ça l'est encore plus dans le film). Je compte aussi voir l'adaptation avec Redford, tout le monde en parle et n'en dit que du bien, il doit bien y avoir une bonne raison à ça.

    Belle pioche à Sait-Maur ! J'avoue que c'est une de mes lacunes en tant que blogueuse, je ne fréquence pas beaucoup les salons du livre et les festivals. Ça sera ma bonne résolution de 2014 ! :D

    J'ai un peu une dent contre Jean Teulé depuis "Le Montespan" même si, en tant que personne, Jean Teulé me fait rire par son franc-parler à la télé ou autres. J'avais bien sûr entendu parlé de "Rainbow pour Rimbaud" chez Jamestine (who else ?), il faudrait que je le lise. "la reine des lectrices" me tente depuis un bout de temps, hâte d'avoir ton avis. J'ai gagné "So shocking" du même auteur à un concours donc ça tombe bien. ^^ Et jolis marques-pages ! :D

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    1. Tu ne savoureras que d'autant plus le livre quand tu le liras en anglais, ça te laisse le temps de te perfectionner pour le lire avec plus d'aisance et t'enivrer pleinement des mots =)

      Moi non plus je ne fréquente pas beaucoup les salons... je pense que tu as dû remarquer que je me mettais à peu près toute juste à la littérature contemporaine, même s'il y a bien quelques auteurs que je connais et que j'aime (souvent découverts AVANT la prépa d'ailleurs xD). Mais du coup, je me soigne ! J'avais passé une demi-journée au salon du livre, et puis là bah, salon du livre de poche ^^. Il faut dire aussi que Saint-Maur, c'est là où mes parents habitent, donc forcément c'est assez commode d'y aller ; si ça avait été dans une banlieue que je ne connais pas du tout dans le sens inverse, je ne suis pas sûre que je me serais déplacée. Mais ce que j'aime bien avec ce salon, c'est qu'il est assez petit, donc on repère facilement ce qui nous intéresse... tandis qu'au salon du livre on se sent franchement perdu x) !

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  4. J'ai carrément hâte de le lire en anglais ! En attendant, je vais surement lire bientôt un autre Fitzgerald, "Fragments du Paradis" pour aimer d'autant plus l'auteur et l'homme.. :D

    Moi non plus je ne lis pas beaucoup de contemporains et j'ai lu ton billet avec plaisir sur l'avenir de la littérature et ce que tu penses de la littérature contemporaine. Faudrait que je prenne le temps d'y répondre plus longuement, c'est un sujet passionnant ! Mais j'aime beaucoup Claude Simon, Pierre Michon (depuis "Les Onze", sur un peintre pendant la Révolution française) et Pascal Quignard. J'ai hâte aussi de lire du Emmanuel Carrère, j'ai une amie qui n'en dit que du bien (et qui habite près de chez lui, anyway xD)

    J'ai failli aller au Salon du livre mais il est tellement médiatisé, tellement énorme que je pense que je ne me serais pas sentie à l'aise même si je sais que ça aurait été l'occas de rencontrer d'autres blogueuses. Comme toi, si je devais aller à des festivals ou des salons, ça serait à une plus petite échelle et rien de mieux que Saint-Mar qui met en avant le petit format ! L'an prochain, j'essaierais d'y aller si possible. :)



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    1. Hoho, tu me diras comment c'était ? Les prochains sur ma liste sont Tender is the night et This side of paradise, mais tout peut changer ^^.

      J'avais entendu parler des Onze quand il est sorti, je crois bien d'ailleurs que j'avais failli l'acheter... en tout cas j'ouvrirai bien grand les yeux pour repérer les auteurs que tu m'as cités dans les rayons des librairies :) .
      Pour ce billet, ma foi, réponds si tu en as envie ; depuis, on m'a déjà conseillé quelques pistes pour me guider dans la jungle de la littérature contemporaine. Mais je maintiens la majorité de ce que j'y écrivais xD, en tout cas pour le côté couverture médiatique de la littérature-burger qui masque les talents, et généralisation de la lecture comme banal mode de consommation (pour employer les gros mots, n'est-ce pas), mais bon ça, ce n'est pas une idée qui date de mon billet ! Au départ je ne comptais pas entrer dans ce débat, mais je suis tombée en cours sur la citation d'Apollinaire "les grandes démocraties de l'avenir seront peu libérales pour les écrivains", et j'ai commencé à écrire dessus, et ça a fini par faire 4 pages Word ^^'. C'est surtout l'idée de la survie du livre-oeuvre-d'art dans un régime démocratique de masse en fait, qui m'a tout à coup intriguée : même s'il y a toujours eu des best-sellers un peu moyens, avant l'écriture était réservées aux gens lettrés, qui représentaient une petite partie de la population, donc le "tri", si j'ose dire, se faisait plus facilement (ou du moins c'est ce qu'il me semble, à moi qui vit au XXIe siècle), tandis qu'aujourd'hui un nombre incroyable de gens écrivent, y compris des gens qui ne sont pas des "écrivains", et leurs oeuvres passent avant celles de ces derniers. Donc en fait ce sur quoi j'essayais de réfléchir dans cet article, c'est comment faire coexister d'un côté le droit de tout le monde à écrire (des livres de toutes sortes, après tout on a bien le droit d'écrire un mauvais livre, encore heureux !), et d'un autre côté essayer de faire une minuscule parenthèse aristocratique dans la démocratie pour les "bons" livres, afin qu'ils ne soient pas mis au même niveau qu'un livre qui ressemble à dix mille autres et dont le style est celui de tout le monde u_u . Bref en d'autres termes, comment essayer de sauver les "bons" livres sans mutiler la liberté, quand la plupart des gens ont envie d'en lire des moyens, voire des mauvais... sauf que d'une part, je n'ai pas trouvé la réponse à cette question (T_T), et d'autre part, la limite entre un bon livre et un mauvais livre n'est pas quelque chose qui se détermine scientifiquement, ça se passe dans le ressenti, donc c'est présomptueux de vouloir ériger une barrière >< je reste d'avis que ce n'est pas purement une question de goût comme certains aiment les pizzas et d'autres n'aiment pas ça, mais c'est quand même très difficile de trancher, et peut-être que cette restauration d'une littérature en quelque sorte "aristocratique" serait l'acte le plus liberticide de tous dans le fourmillement de ces "grandes démocraties de l'avenir", qu'Apollinaire devinait "peu libérales"... donc, problème insoluble x) et je crois que je préfère encore voir les gens acheter ce qu'ils veulent, quitte à ce que ce ne soit que des romans de gare, plutôt que de les voir n'acheter strictement que les livres figurant sur une liste que l'Académie Française publierait chaque année !

      (désolée pour le pavé, voilà que j'ai relancé la polémique sur un autre article u_u)

      Rendez-vous pris pour le salon de juin prochain, en tout cas =) je te le rappellerai !

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«Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire»
Maurice Blanchot

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