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dimanche 17 novembre 2013

"La vie d'Adèle", "Il était temps", et digressions

  Toujours pas de compte-rendu sur les expos que je suis allée voir récemment, désolée de l'attente (je sais qu'il y en a parmi vous qui trépignent d'impatience par rapport à Masculin / Masculin, par pudeur et professionnalisme bloguesque je ne révélerai pas leurs noms). Ca arrive très bientôt, en attendant je me suis dit que je vous divertirais avec mes éternelles réflexions (sur évidemment tout sauf des choses importantes, qu'on se le dise), et avec mes avis sur deux films à l'affiche en ce moment (oui, c'est la première fois dans l'histoire de la rubrique "Le coin ciné" que je parle d'un film qui n'est pas sorti à une époque lointaine dont personne ne se souvient, so miracles DO happen).


La vie d'Adèle, 2013

Abdellatif Kechiche - 2h59

  À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...

  Bon, commençons avec le film qui déchaîne les passions en ce moment. La palme d'or qu'avait reçu ce film lors du festival de Cannes me faisait déjà l'attendre avec impatience, et puis, en tant que personne aux mœurs et attirances libres qui a manifesté plusieurs fois en faveur du mariage gay dans les rues de Paris, vous pouvez imaginer que ce film avait des chances d'attirer mon attention. Pour une fois, quand on aborde l'homosexualité, ce n'est pas des hommes qu'on parle, mais des femmes. Bref, un vrai rocher jeté dans la mare. Donc je tenais à voir La vie d'Adèle, parce que je sentais que c'était un de ces films qui marque une époque et qu'il ne faut pas rater.
  Je n'ai même pas regardé la bande-annonce avant d'y aller, je savais que ça me plairait. L'affiche est fraîche, belle, elle incite à courir au ciné. J'ai eu la chance de voir ce film dans une salle de ciné relativement petite (50-70 places au MK2 Bibliothèque FM de Paris), ce qui a évité les agitations - en vérité, la salle était complète mais le public a été très respectueux pendant le film : pas de fous rires ni d'insultes pendant les scènes érotiques, et pourtant on m'avait mise en garde contre les fameuses "scènes de cul pornographiques interminables qui déclenchent la gêne chez l'assistance". Encore une fois, j'ai eu la chance de me trouver dans une salle qui a eu un comportement réceptif au film, et il n'y a eu des rires que dans les moments franchement drôles. Quant aux fameuses scènes érotiques, ma foi : oui, il y en a une qui dure longtemps, oui, c'est très explicite, mais bon, quand on est prévenu, ça va. Ce n'était peut-être pas nécessaire qu'elle dure près de dix minutes, mais sur un film de trois heures, franchement, ça passe crème. Après, c'est dur qu'il ne faut pas aller voir ce film si l'amour lesbien vous met mal à l'aise.
  Le film m'a vraiment plu. Je l'ai trouvé touchant, très juste par rapport aux problèmes de société actuels - le reflet d'une époque et d'une génération. Les acteurs jouent très bien, Léa Seydoux est méconnaissable (oui, c'était bien elle la petite vendeuse dans Minuit à Paris !), on ne s'ennuie pas... je ne sais même pas trop quoi dire sur ce film, à part que s'il vous tente, n'hésitez pas à le voir !



Il était Temps (About Time), 2013

Richard Curtis - 2h03

  À l’âge de 21 ans, Tim Lake découvre qu’il a la capacité de voyager dans le temps... Tim ne peut changer l’histoire, mais a le pouvoir d’interférer dans le cours de sa propre existence. Il décide donc de rendre sa vie meilleure... en se trouvant une amoureuse. Malheureusement les choses s’avèrent plus compliquées que prévu. Tim quitte les côtes de la Cornouailles pour faire un stage de droit à Londres et rencontre la belle Mary. Alors qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre, un voyage temporel malencontreux va effacer cette rencontre. C’est ainsi qu’au fil de ses innombrables voyages temporels il n’a de cesse de ruser avec le destin afin de la rencontrer pour la première fois, encore et encore, jusqu’à ce qu’il arrive à gagner son coeur. Tim se sert alors de son pouvoir afin de créer les conditions idéales pour la demande en mariage parfaite, pour sauver la cérémonie à venir du discours catastrophique du pire des garçons d’honneur imaginable mais aussi pour épargner à son meilleur ami un désastre professionnel. Mais alors que le cours de sa vie inhabituelle se déroule, Tim découvre que ce don exceptionnel ne lui épargne pas la peine et les chagrins qui sont communs à n’importe quelle autre famille partout ailleurs.

  Une comédie romantique comme on les aime. Si comme moi vous êtes un grand fan de Coup de foudre à Notting Hill, Quatre mariages et un enterrement, et Love Actually, ce film est fait pour vous.
  Dose de bonne humeur garantie, et bonus : ça redonne foi en l'amour (pour ceux qui auraient tendance, comme moi, à glisser sur la pente du cynisme, on se souvient de la réplique de Carrie Bradshaw dans la saison 6 de Sex and the City: "I write a column based on the assumption that romance is either dead or phony"... eh bien parfois, ça fait du bien de se laisser emporter par le romantisme).
  C'est l'occasion de retrouver une brochette d'acteurs que vous avez vu adorer ailleurs (le protagoniste, c'est Bill Weasley dans Harry Potter, d'ailleurs il était pressenti pour être le nouveau Doctor dans DW mais ça ne s'est pas fait...). L'humour toujours désopilant de Bill Nighy est au rendez-vous, et l'humour à la British part dans tous les sens. Situations cocasses avec tous ces voyages dans le temps, côté un peu benêt du héros bien sûr (un nouveau Hugh Grant ? Il a le potentiel !)... le rire est au rendez-vous. On s'attache tout de suite à la famille du protagoniste. C'est un film doux, tendre, drôle et en même temps triste par moments. Une comédie romantique certes, mais qui fait réfléchir (pas de time travel sans paradoxes, tous les fans de Doctor Who et de Retour vers le Futur le savent), et qui, mine de rien, fait passer de beaux messages. Sans verser dans la mièvrerie, About Time parvient à nous faire sortir de la salle le cœur plus léger, avec des vues plus optimistes, (accessoirement avec des larmes le long des joues pour les âmes sensibles)... et l'envie de le voir à nouveau ! Donc filez-y, surtout si vous avez le blues : je vous assure que c'est la cure qu'il vous faut.


Aquarelle issue de la superbe galerie d'agnes-cecile sur DeviantArt

  Voilà pour les derniers films que j'ai vus. Pas trop le temps de me consacrer à autre chose qu'au boulot, en ce moment (pour changer, hu, hu), j'ai dû avaler une centaine de pages PDF de critiques diverses sur Le Livre d'Urizen de Blake récoltées sur le merveilleux site qu'est JSTOR (auquel vous avez normalement accès via la base de données de votre université si vous êtes étudiant), mais le truc le plus ennuyeux et chronophage, c'est... de ficher les bouquins de critique qu'on a lus. J'entends : les bouquins version papier, et si comme moi vous avez souvent la flemme de résumer la pensée de l'auteur en quelques mots-clés, surtout quand c'est bien écrit et que c'est dommage de hacher la phrase, vous vous retrouvez bientôt à recopier des paragraphes entiers dans vos fichiers Word. Alors quand vous avez lu à peu près 800 pages de critique littéraire depuis septembre et qu'il faut ficher tout ça, bah... vous avez envie de rester sous la couette. Bon, plus sérieusement, sur les 800 pages de bouquin que j'ai lues, tout n'est pas à ficher, loin de là, et les citations exactes ne sont à recopier que quand le phrasé est particulièrement intéressant. Mais tout le monde sera d'accord avec moi sur le fait qu'en littérature, changer le phrasé, c'est changer toute l'idée. J'ai conscience qu'à un moment ou à un autre ça va devenir impossible de continuer à ficher en gardant les choses très fidèlement ; plus on avance dans une carrière académique, plus on s'émancipe des critiques et on apprend à ficher un bouquin de 400 pages en 2 pages Word apparemment, en résumant les grandes idées en 5-10 lignes puis en recopiant quelques citations dignes d'intérêt. Je n'en suis pas encore là ; ça, c'est pour les gens qui ont déjà pas mal bossé sur un sujet et qui ont une idée précise du paysage critique qui l'entoure, parce qu'évidemment ils y ont bossé dessus un bon bout de temps (c'est pour ça que c'est recommandé de ne pas changer radicalement de sujet entre le M1 et le M2, puis entre le M2 et la thèse, parce que sinon, bien entendu, tout ce boulot de repérage dans la critique est à recommencer à zéro).
  Donc ça me prend du temps, et ça irait, si seulement je n'avais pas des horaires hyper mal répartis : avec 25h de cours par semaine (ce qui est tout à fait jouable malgré les heures de travail à la maison que chaque cours demande, surtout le JAPONAIS), je termine en moyenne à 20h, cinq jours sur sept, et ça ne m'empêche pas d'avoir cours le matin. Donc j'ai des trous de temps en temps, mais ils ne sont pas forcément toujours assez longs pour me permettre de travailler sur un truc long et important (du genre, qui réclame trois heures à la suite), et quand je rentre chez moi je suis bien sûr crevée, et je ne prends pas beaucoup de goût à travailler parce que les seuls moments que j'ai pour travailler sont des moments où j'ai envie de penser à autre chose que la fac / l'ENS, où j'ai déjà passé ma journée du matin au soir, avec les transports en prime (parce qu'évidemment, ma fac et l'ENS sont dans des quartiers totalement différents, et là où j'habite c'est encore ailleurs, ça fait trois lieux entre lesquels jongler). Donc c'est folklo \o/

  Je m'arrange pour trouver le temps de prendre un verre avec des amis de temps en temps malgré tout ; aller voir un film entre potes, prendre un café, bosser à la bibli avec quelqu'un s'il y a des gens qui ont un trou en même temps que moi, attraper un sandwiche infâme dans un fast-food avec une copine pour papoter le temps d'une heure avant de courir, chacune de notre côté, à nos cours respectifs... donc clairement, je m'aère l'esprit. Mais j'aime bien avoir du temps pour moi, toute seule, dans mon emploi du temps : pouvoir rentrer chez soi à 16h ne serait-ce qu'une fois par semaine et avoir le luxe de s'allonger sur son lit en fixant son plafond pendant une heure ou deux, en pensant à tout et n'importe quoi, ou prendre quatre heures pour écrire une page de mon roman, bah... ce sont des choses que je ne peux pas faire depuis que mes deux emplois du temps se chevauchent (donc depuis octobre), parce que je suis tout le temps dans la vitesse, l'enchaînement, et si je prends une heure pour ne "rien faire", je me sens coupable. Alors que c'est essentiel d'avoir des moments pour ne "rien faire", sinon on explose : ça permet de faire le point sur sa vie, de voguer vers des pensées inconnues, d'inventer des histoires dans sa tête... bref, ces moments de rêverie sont assez capitaux dans la vie d'un littéraire, et c'est précisément ce dont je manque en ce moment, donc... je ne prends pas autant de plaisir à lire, à aller en cours, à rédiger des essais et dissertations. Et c'est dommage. Ca devrait aller beaucoup mieux au second semestre, mais là j'avoue que je sature un peu (bon, je pourrais bosser moins sur mes cours et m'arranger pour juste valider mon semestre ric-rac, sauf que j'ai une maladie, ça s'appelle le goût du travail bien fait. Quand on est perfectionniste, ça complique les choses).

  Voilà pour la minute "Alacris raconte sa vie" ! (Décidément, ce blog va se reconvertir en journal intime).
  A très bientôt j'espère ! Je vous ai promis des nus, des nus vous aurez. Désirs et Volupté à l'époque victorienne et Masculin / Masculin feront bientôt leur entrée sur Saturations.


lundi 11 novembre 2013

Dernières acquisitions et balades

Photo par Grazyel, Place des Vosges, Septembre 2013

J'écoute : La Robe Rouge - Granville

  Me voilà de retour. Bon, non pas que je m'étais en allée, en soi, mais je n'ai pas été ultra présente sur ce blog ces derniers temps, et j'ai envie de rattraper ce passage à vide. Ces dernières semaines ont été... assez mouvementées. Je vous en dirai un peu plus en fin d'article pour les curieux(ses) qui aimeraient en savoir un peu plus.


  Le fait est que je n'ai pas chômé ces derniers temps ! Je ne vais pas vous assommer avec un récit de boulot (d'autant plus que j'ai envie d'en sortir la tête le temps d'un article), mais il y a des choses à raconter niveau acquisitions livresques / visites au musée. Je suis récemment allée voir l'expo Désirs et Volupté à l'époque victorienne (Musée Jacquemart-André) avec Matilda, Jamestine, Alexandra et Grazyel ; puis Masculin Masculin (Musée d'Orsay) avec Grazyel (qui décidément est partout, n'est-ce pas). Je ferai dans les jours à venir des compte-rendus sur ces expos, que j'ai trouvées très agréables et intéressantes même si ce ne sont pas des coups de coeur. En attendant, je vous en donne quelques images pour vous faire patienter : 




  Donc, pour en savoir plus ==> COMING SOON.

  A part ça, évidemment, qui dit journée entre blogueuses dit... folle journée à écumer les librairies (ne riez pas, c'est fou comme ça fatigue, de fouiller de fond en comble toutes les librairies de Saint-Michel). Et malgré mes résolutions de ne rien acheter avant d'avoir avancé dans mes lectures (et surtout de ne pas surcharger mon sac qui pesait déjà approximativement trois tonnes), je me suis laissée tenter par de nombreux bouquins. Laissez-moi vous faire découvrir ces acquisitions en images :

 - En l'absence des hommes de Philippe Besson, parce que ça fait des mois que Jamestine ne tarit pas d'éloges sur Besson, et elle avait particulièrement aimé celui-ci. Alors quand on le trouve à 2€50 chez Boulinier, ma foi, on n'hésite pas.

 - La petite marchande de prose de Pennac, car aussi fou que ça puisse paraître, je n'ai jamais lu de Pennac. Mon frère en avait un dans sa bibliothèque quand on était gamins je crois, mais je ne me souviens plus lequel.


 - The Red Badge of Courage de Stephen Crane, car c'est un roman américain incontournable sur la Guerre de Sécession, formidablement bien écrit, et aux thèmes et rebondissements qui me plaisent énormément. Ce roman a une petite valeur sentimentale pour moi parce que j'ai fait mon premier commentaire composé de 6h en prépa sur un extrait de cette oeuvre, et c'était accessoirement ma première bonne note de l'année, huhu. De plus, j'ai assisté à un séminaire qui se tenait sur ce roman l'an dernier, et ça ne m'a fait que l'aimer davantage ; l'an dernier il y avait même un moment où j'hésitais à faire mon M1 sur les nouvelles peu connues mais très intéressantes de Stephen Crane (oui, comme vous pouvez le voir, j'ai eu un tas d'idées pour mon M1, et croyez-moi, ça fourmille aussi pour le M2, sauf que cette fois-ci c'est plus crucial, car ce que je prendrai en M2 déterminera un peu ce que je ferai ensuite en thèse. A priori je reste sur la litté britannique, mais on n'est jamais à l'abri d'un revirement soudain, surtout dans ma drôle de tête).

 - The Ballad of the Sad Café, nouvelle de Carson McCullers. J'ai trouvé ça coincé entre deux bouquins sur une étagère du maigre rayon anglais de Boulinier. C'est tout d'abord la couverture qui m'a attirée, car j'ai instantanément reconnu le style de Hopper, qui est l'un de mes peintres préférés. Alors forcément, ça éveille mon attention. Et puis même si je n'ai jamais lu Carson McCullers avant, son nom m'était familier, et j'avais envie de la lire.

  Après une ambiance française contemporaine et une ambiance américaine, passant à l'ambiance British-Shakespeare ! (Oui vous avez remarqué, y'a de l'idée dans mes photos, organisation thématique et tout).

 - Tales from Shakespeare, Charles et Mary Lamb. C'est un bouquin assez pratique qui présente 20 pièces de Shakespeare ; chaque présentation se fait en 20 pages, les principaux thèmes, événements, et rebondissements des pièces sont envisagés. Donc en gros, quand on a un trou de mémoire sur une pièce, ou qu'on n'est pas sûr d'avoir tout compris, ou même quand on a envie de l'étudier plus en profondeur et qu'avant de passer à la vraie critique littéraire on préfère lire quelque chose de plus accessible et qui remette les pendules à l'heure, c'est vraiment pas mal. Je ne m'en suis pas encore servie, mais comme je n'exclus pas la possibilité de devenir shakespearienne à l'avenir (je vous l'ai dit, fourmillement quand à un sujet de M2), je me suis dit que c'était un outil indispensable.

 - Macbeth en version bilingue, parce que j'ai lu Macbeth en français il y a quelques années et que même si j'en ai étudié des extraits en anglais, ce n'est pas la même chose que de lire la pièce en entier. Et les versions bilingues sont vraiment agréables, on a toujours la traduction comme garde-fou. Ces derniers temps j'ai surtout lu Shakespeare sans traduction, et c'est un excellent exercice, un peu comme la première fois qu'on se met à regarder des films en anglais sans sous-titre : on ne comprend pas tout, mais au bout d'un moment il faut se décider à lâcher le cordon de sécurité, parce que ce n'est pas grave si on ne saisit pas tout. Malgré tout c'est important d'avoir une édition bilingue, ne serait-ce que pour savoir que la traduction est là si on en a besoin, en regard du texte original.

  Et enfin, British poetry ! Vous remarquerez même un certain souci de théâtralité dans le genre rideau qui s'ouvre sur le romantisme : William Blake est souvent considéré comme le tout premier pré-romantique (mêmes si cette appellation pose plus d'un problème), et Dylan Thomas se considérait comme le tout dernier poète romantique.

 - Chansons et Mythes de W. Blake : c'est une sélection d'oeuvres diverses de Blake, en version bilingue (traduction par Pierre Boutang). Je n'avais encore jamais lu Blake en traduction, et c'est un poète qui peut s'avérer hermétique par moments, donc plutôt que d'acheter ses oeuvres complètes en français, je me suis dit qu'une sélection de textes venant d'horizons différents serait intéressante. De plus, cet ouvrage contient des poèmes méconnus de Blake que je n'avais encore jamais trouvé ailleurs que sur Wikisource, comme The Mental Traveller. Comme le bouquin ne coûtait que 7€ et que ce n'est franchement pas cher pour un livre neuf, bilingue, avec un papier de bonne qualité, je n'ai pas hésité. Et je ne regrette pas, car j'ai jeté un œil à certains passages du Livre d'Urizen traduits ici (il n'y est pas en entier, sinon le livre serait immense : le traducteur a choisi des extraits), et certains choix de traduction m'ont donné matière à réfléchir, notamment dans ma problématique de la forme et de l'informe (le verbe "to form" traduit par le verbe "concevoir", "the vast world" traduit par "l'univers dévasté"... ça soulève pas mal de problématiques, tout ça).

 - Selected Poems, Dylan Thomas. Parce que j'ai récemment découvert cet auteur dans un séminaire intitulé "Poésie et Violence", et j'ai eu un immense coup de coeur pour ce qu'il écrit (et en feuilletant ce livre, mes attentes n'ont pas été déçues). Donc, ENCORE un auteur sur lequel il est possible que je travaille en M2 l'an prochain. C'est une figure assez fascinante que ce Dylan Thomas : très inspiré par Yeats (qui se considérait déjà comme le dernier Romantique, d'ailleurs), Gallois, alcoolique (a fini par en mourir avant ses 40 ans, by the way). Une poésie très agressive, insidieuse, mordante et douce à la fois, sensuelle, ironique, intrépide... Vous l'aurez compris, je me suis trouvé une nouvelle passion, et je ne peux pas résister à vous citer un de mes poèmes préférés (il est court en plus, donc pas d'excuse :

O make me a mask

O make me a mask and a wall to shut from your spies
Of the sharp, enamelled eyes and the spectacled claws
Rape and rebellion in the nurseries of my face,
Gag of dumbstruck tree to block from bare enemies
The bayonet tongue in this undefended prayerpiece,
The present mouth, and the sweetly blown trumpet of lies,
Shaped in old armour and oak the countenance of a dunce
To shield the glistening brain and blunt the examiners,
And a tear-stained widower grief drooped from the lashes
To veil belladonna and let the dry eyes perceive
Others betray the lamenting lies of their losses
By the curve of the nude mouth or the laugh up the sleeve. 

  Voilà pour ce que je me suis acheté.
  Sinon, on m'a offert des bouquins récemment, notamment à l'occasion de mon anniversaire (eh oui, j'ai fini par avoir 21 ans, JE PEUX BOIRE AUX ETATS-UNIS !!!)


 - Grazyel m'a offert The Fault in our Stars de John Green, un bouquin que vous connaissez tous normalement et que je serai la dernière à lire (une fois n'est pas coutume...) ainsi qu'un carnet William Blake, pour y noter mes réflexions (mouahaha). Elle m'a aussi offert des anti-stress, mais je ne les ai pas pris en photos XD.

- Hiroshima mon amour de Duras, car je ne l'ai jamais lu (ni vu le film d'ailleurs), de la part d'un ami.


 - Matilda a appris que je n'avais jamais lu Clamp, donc elle a décidé de réparer cette faute et de m'offrir les trois premiers tomes de Gate 7. Le dessin est magnifique et l'histoire promet d'être passionnante ; je n'ai pas encore eu le temps de me mettre dedans, mais ça ne saurait tarder !

  Donc voici pour mes derniers cadeaux / acquisitions / musées / trucs bidules machins.

  Et une fois de plus, je vous laisse à la fin d'un article complètement hétéroclite (enfin, vous reconnaîtrez l'effort d'organisation hein >.<), il paraît que ce sont ceux-là les meilleurs, de toute manière, huhu.
Alacris va vous jeter
un sort
  Histoire de rendre cet article encore plus bizarre, tant qu'on y est, vu que c'était Halloween y'a pas longtemps et que je me suis baladée accoutrée dans mon costume de sorcière dans tout le 12e arrondissement de Paris pendant la soirée, voilà une petite image de moi (la lumière ne fait pas ressortir le maquillage diabolique, et on ne voit pas mes ongles noirs ni ma robe noire en lambeaux, mais je vous assure que j'étais une sorcière à faire froid dans le dos, d'ailleurs ça se voit à mon sourire carnassier que je mange des brochettes de crapaud tous les jours et que je sacrifie des corbeaux dans des cimetières).


  Voilà donc, chers amis. Je suis prête à reprendre du service après ce moment vague d'articles un peu rares. Je ne dis pas que j'en posterai autant qu'avant, 10 dans le mois ça me semble difficile (à moins de faire de petits articles blabla fréquemment), surtout avec le mémoire qui commence à m'inquiéter un peu car j'ai pas mal de boulot dans les autres matières et ça m'empêche de me focaliser sur mon mémoire qui forcément, est un boulot plus à long-terme, donc je me laisse envahir par ce qui est plus urgent, et quand par bonheur je finis par avoir un après-midi de libre, je le consacre à Blake.
  C'est un peu fatigant par moment, d'autant plus que c'est la quatrième année d'affilée où je rédige dissertation sur dissertation et que j'avale des bouquins de critique, donc je dois avouer qu'il y a des moments où on perd la motivation, et je me demande si je ne vais pas faire une année de "pause" en tant que professeur de TD dans une université à l'étranger, soit entre mon M1 et mon M2, soit entre mon M2 et l'agrég, parce que si ça continue comme ça, je vais arriver à l'agrég complètement blasée du système académique, et ce n'est pas en étant blasé qu'on rédige une bonne dissertation. Il faut que j'en parle avec mes responsables à mon école, à mon avis on va plutôt me conseiller de faire mon M2 à l'étranger pour changer d'air et de faire une année de prof de TD une fois que j'aurai mon agrég, pendant mon doctorat, mais pour ma part j'ai vraiment envie de faire cette expérience avant l'agrég, histoire de respirer un peu et d'en revenir plus adulte. Je ne sais pas trop encore, je vais voir (le dépôt des dossiers de voeux est pour décembre, faudrait que je me grouille). 


On se revoit bientôt, les cocos ! Et merci d'être restés fidèles malgré mes mises à jour sporadiques, vous êtes super ;D


vendredi 1 novembre 2013

Le coin ciné (spécial Miyazaki) : Kiki la petite sorcière, Arrietty, et La Colline aux Coquelicots

  Un récapitulatif de mes derniers films visionnés un peu particulier, cette fois-ci : trois films de Miyazaki, un réalisateur que j'admire énormément (d'ailleurs j'essaie d'économiser les films qu'il me reste à voir de lui, vu qu'il prend sa retraite...)

 Kiki la petite sorcière - Hayao Miyazaki (réalisateur, producteur, scénariste)
1989 - 1h34

  A l'âge de treize ans, une future sorcière doit partir faire son apprentissage dans une ville inconnue durant un an. Une expérience que va vivre la jeune et espiègle Kiki aux côtés de Osono, une gentille boulangère qui lui propose un emploi de livreuse.


  Un des grands classiques, que je n'avais encore jamais vus. J'ai beaucoup aimé ! Il se destine peut-être plus à un public enfantin que quelques autres "grands" films de Miyazaki comme Chihiro, Le Château ambulant, Le Château dans le Ciel, Nausicaa, ou encore Princesse Mononoké que je trouve orientés plutôt pour les 7 à 77 ans. Mais ça n'en reste pas moins un excellent visionnage, et le film est tout de même tous publics (moi qui vais fêter mes 21 ans dans quelques jours, j'ai été une fois de plus emportée par l'ambiance à la fois émouvante et exaltante de Kiki. A la sortie de chaque visionnage d'un Miyazaki, je suis généralement partagée entre le rire et les larmes, et j'ai le cœur léger tout en ayant été profondément touchée par le film ; c'était le cas aussi avec Kiki. La bande-son une fois de plus signée Joe Hisaishi n'y est pas pour rien, évidemment : les grands fans de Miyazaki reconnaîtront un rythme, un ton qu'il y a dans les autres chef-d'oeuvre du grand maître des studios Ghibli.
  L'histoire est comme d'habitude mignonne comme tout : on s'attache tout de suite à Kiki, cette gamine apprentie sorcière qui part en quête d'aventures sur son balai rebelle, avec son râleur de chat, Jiji (mon personnage préféré, évidemment). Dans la ville où elle s'installe, Kiki trouve rapidement sa place en inventant un système de livraison de pâtisseries à domicile... s'en suivent bien des rebondissements remplis d'anecdotes loufoques, où les pouvoirs de Kiki ne manquent pas d'être remis en question. Amitiés, amours naissantes, réflexions sur l'art et la magie... un film adorable, à voir absolument !


 Arrietty, le petit monde des chapardeurs - Hiromasa Yonebashi
(Hayao Miyazaki producteur et scénariste)
2011 - 1h34

  Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs.
  Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin, en tellement petite quantité que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Plus important encore, on se méfie du chat, des rats, et interdiction absolue d’être vu par les humains sous peine d’être obligés de déménager et de perdre cet univers miniature fascinant fait d’objets détournés.
  Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison pour se reposer avant une grave opération, elle sent que tout sera différent. Entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, commence une aventure et une amitié que personne ne pourra oublier…

  Une autre jolie découverte, même si j'ai largement moins aimé.
  L'intrigue est encore une fois très séduisante ; on se trouve dans un monde semblable au nôtre, mais un monde merveilleux tout de même, puisqu'on suit le quotidien d'une famille de Chapardeurs, de petits êtres en tous points semblables aux humains, à ceci près qu'il font la taille d'une main. Plus précisément, on suit les aventures d'Arrietty, une Chapardeuse de 14 ans qui aime se promener toute seule dans le jardin... au risque d'y croiser le chat Nya, ou encore Sho, le jeune garçon malade qui s'ennuie et lit des livres à longueur de journée, et qui est fasciné par ces petits êtres qui se promènent dans la maison. Sho devient alors le complice des Chapardeurs et tente de se lier d'amitié avec Arrietty, malgré la méfiance initiale de celle-ci.

  C'est une belle histoire d'amitié, mais je n'ai pas été emportée comme je le suis d'ordinaire avec les films de Miyazaki. La bande-son plutôt moyenne en est une raison (forcément, ce n'est plus Joe Hisaishi), l'autre est que, Miyazaki se faisant vieux, il a seulement été producteur et scénariste pour ce film, et non directeur (ce qui change tout). On retrouve une ambiance quand même, mais c'est moins magique, moins touchant, il y a moins de suspense... du coup je rangerais plutôt ce film dans la catégorie "pour les plus jeunes" aussi.



  La Colline aux Coquelicots - Goro Miyazaki
(Hayao Miyazaki producteur et scénariste)
2012 - 1h32

  Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline surplombant le port de Yokohama. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse face à la baie deux pavillons, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer...
  Attirés l’un par l’autre, les deux jeunes gens vont partager de plus en plus d’activités, de la sauvegarde du vieux foyer jusqu’à la rédaction du journal. Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier…
Dans un Japon des années 60, entre tradition et modernité, à l’aube d’une nouvelle ère, Umi et Shun vont se découvrir et partager une émouvante histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

  Encore un beau visionnage (même si... Miyazaki fils et non Miyazaki père, encore une fois ça change pas mal de choses).

  Une histoire sans fantastique cette fois-ci, mais la contemplation si essentielle à la poésie des films de Miyazaki y est bien présente. La bande-son est elle aussi charmante (signée Satoshi Takebe), même si elle ne m'émeut pas aux larmes et ne me soulève pas le coeur comme le font les morceaux de Joe Hisaishi.
  On suit le quotidien de deux lycéens aux sentiments inclinés l'un vers l'autre, Umi et Shun, et surtout Umi - dans sa maison remplie de sa famille de femmes, en haut de la Colline au coquelicots. Ensemble, et avec le reste du lycée, ils s'occupent de la restauration du "Quartier Latin", une grande bâtisse qui abrite les clubs des élèves, et qui est menacée de destruction. Toutes ces scènes de balayage et de remise en état sont très mignonnes à suivre, et on sent l'enthousiasme écolier des divers clubs (littérature, philosophie, chimie...) qui s'unissent afin de sauver le Quartier Latin. Parallèlement, l'univers des marins occupe une grande place dans la recherche de Shun quant à sa famille. Il en va de même pour Umi... à deux, ils vont essayer d'en apprendre plus sur leurs lignages généalogiques.
  En résumé, c'est un film très agréable et même touchant, mais on ne retrouve pas cette flamme si particulière des films de Hayao Miyazaki... en même temps, une carrière prometteuse attend son fils Goro Miyazaki, qui n'en est encore qu'aux débuts, et c'est normal qu'il ne veuille pas suivre en tous points les traces de son père en essayant d'imiter son style, donc je dirais que c'est un beau début pour une grande série de films, on l'espère, superbes.

  J'espère que vous regarderez ces films !
  Désolée pour ces articles si espacés, je suis vraiment occupée en ce moment et j'aimerais faire des articles plus souvent (le mois d'octobre a été assez désertique avec seulement trois articles, même en vacances l'été sans wifi je me débrouillais pour en faire plus, c'est dire !). Je vais tenter de mettre ce blog à jour plus régulièrement dans les semaines qui viennent, et de me mettre à jour sur les blogs des autres aussi >.< ! (retard d'à peu près deux semaines un peu partout...)