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dimanche 1 septembre 2013

Chronique de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie : "la beauté d’une femme est un trésor qui n’a pas de prix"

  Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, de Dai Sijie

  Résumé :

  Dans la Chine maoïste des années soixante-dix, en pleine révolution culturelle durant laquelle les intellectuels et les professions requérant des études sont considérés comme des « ennemis de la nation », Dai et Luo, deux lycéens, amis d'enfance et fils de médecins, sont arrachés à leurs familles respectives et envoyés dans un camp de rééducation dans les montagnes de la province du Sichuan. En se rendant dans le village voisin, les deux garçons font la rencontre d'une jeune couturière inculte. Dai et Luo en tombent amoureux, mais c’est Luo qui gagne son amour. Le trio, apprenant qu’un des jeunes « en rééducation » cache des livres d’auteurs occidentaux, décide de les lui voler… la découverte de ces livres et notamment de Balzac va changer le cours de leur vie.

  J’étais partie en Normandie en emmenant une quinzaine de bouquins, mais Balzac et la Petite Tailleuse chinoise a inexplicablement attiré mon œil alors que je passais en revue la bibliothèque de la location dans laquelle j’étais. Puis je l’ai vu mentionné sur le blog de Luthien, et je me suis dit que décidément, ça faisait beaucoup de signaux qui m’intimaient de lire ce livre. Alors je l’ai lu.

  C’est une de mes premières rencontres avec un roman à l’ambiance asiatique, dont l’histoire se déroule en Chine. L’auteur, Dai Sijie, a écrit ce livre en français, mais on sent bien une sensibilité toute chinoise dans ce livre : la description des paysages comme miroirs de l’âme, le voyage dans les rêves pleins de métaphores, le sublime au cœur du trivial… un corbeau à bec rouge devient semblable à un dieu dans la subjectivité du narrateur, la sensualité de la femme est appréhendée non pas à travers des lieux évidents mais à travers des détails auxquels nous Occidentaux n’avons pas l’habitude de prêter attention, du moins pas spontanément…

Affiche de l'adaptation au cinéma,
que je n'ai pas encore vue mais qui
 a l'air très belle...
  Et dans cette ambiance toute chinoise, il y a la découverte de la littérature française. Dai et Luo lisent Balzac, Romain Rolland, Flaubert, Dumas… la littérature est interdite, a fortiori les romans des auteurs occidentaux, que nos deux protagonistes dévorent dans le secret de leur maison sur pilotis, la nuit, à la lueur d’une lampe à pétrole. Et tous deux ayant des talents de conteur, ils racontent l’histoire de ce qu’ils ont lu à leur amie la Petite Tailleuse, qui se met bientôt à lire, comme eux.

  Au début de l’histoire, la Petite Tailleuse est une paysanne, maladroite et belle dans sa gaucherie, et petit à petit le contact avec cette littérature la rend plus féminine, plus sophistiquée… Luo se donne une mission : « Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde ».

  Les drames et les jeux s’enchaînent dans la montagne du Phénix du Ciel, et nos héros courent tous les trois de grands dangers, entre érotisme, violence, tabous et secrets. Mais chaque fois ils s’en sortent in extremis avec leur ingéniosité à toute épreuve, qui les aide à rendre loufoques des situations cauchemardesques. Mais la découverte de ces livres dont le contenu est si éloigné de leur quotidien ne risque-t-elle pas, au milieu de leur ivresse, de leur laisser des blessures ?

  " Ba-er-za-ke". Traduit en chinois, le nom de l' auteur français (Balzac) formait un mot de quatre idéogrammes. Quelle magie que la traduction ! Soudain, la lourdeur des deux premières syllabes, la résonance guerrière et agressive dotée de ringardise de ce nom disparaissaient. Ces quatre caractères, très élégants, dont chacun se composait de peu de traits, s' assemblaient pour former une beauté inhabituelle, de laquelle émanait une saveur exotique, sensuelle, généreuse comme le parfum envoûtant d' un alcool conservé depuis des siècles dans une cave.

Un roman à la fois touchant, drôle, triste, et beau.

229 pages en Folio poche. 

  J'espère que ça vous donnera envie de le lire ! De mon côté je viens de finir les HUNGER GAMES (le tome 1) que j'ai lu en à peu près 24h (et encore, c'était à cause des événements quotidiens qui m'empêchaient d'y rester scotchée, mais je peux vous garantir que hier j'ai lu de 18h jusqu'à 4h du matin sans interruption, c'était génial et ça ne m'était pas arrivé depuis les Harry Potter). Puis le film, que j'ai eu l'idiotie de regarder dans la foulée, a détruit toutes les images que j'avais formé dans mon imagination, alors je viens de passer les trois dernières heures à RELIRE le bouquin en vitesse, pour bien me remettre l'esprit à l'endroit. Demain, je file acheter les tomes 2 et 3 et je ne sors plus de ma chambre avant 72h, foi de lectrice complètement droguée aux Hunger Games. Si vous n'entendez pas parler de moi dans les prochains jours, c'est que je suis morte de faim (ha, ha) parce que j'aurai oublié de me nourrir tellement je suis à fond dedans.

9 commentaires:

  1. Joli article n_n. Je n'avais jamais été attirée par ce roman jusqu'à ce que tu nous donnes tes impressions ;). Je le lirai peut être si je le trouve en médiathèque. J'ai bien ri en lisant tes petites lignes :D. Je me souviens avoir avalé les trois tomes de cette saga en très peu de temps également ! Dommage que tu n'aies pas aimé le film.

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    1. Je te le conseille fortement :p

      Tu vas croire que je déteste toutes les adaptations au cinéma de roman, entre Jane Eyre et Hunger Games XD. Objectivement, le film était bien, mais j'ai été bête de me lancer dedans à chaud, juste après ma lecture >_< c'est comme quand on rentre dans la douche, qu'on lance l'eau sans faire gaffe, et qu'on se prend un jet d'eau froide dans la figure u_u il faut s'y préparer. Disons que les trucs que je reproche au film, c'est des choix qu'il était malheureusement obligé de faire pour que le film marche (notamment beaucoup de censure). mais si ça peut te rassurer, si je l'avais vu sans avoir lu le livre avant, j'aurais sûrement adoré ! :D

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    2. Effectivement ça me rassure :D mais je comprends totalement tes arguments par contre ;)

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  2. Bel article ! :) J'ai encore plus envie de le lire maintenant !
    Bonne lecture avec Hunger Games, je ne les ai toujours pas lu...

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    1. J'ai hâte de voir ce que tu vas en penser du coup =) , j'espère que tu vas aimer ! Et Hunger Games, c'est géniaaaaal *__*

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  3. Je ne connaissais ce roman que de nom, mais je pense qu'il pourrait me plaire. Ton avis, comme d'habitude, me donne envie de le lire. Il me semble qu'il est assez court, d'ailleurs !
    Je n'ai toujours pas lu Hunger Games, mais j'ai beaucoup aimé le film. J'ai été « retournée » et séduite par l'ambiance. Du coup, j'ai hâte de voir ce que donne le roman ...

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    1. En effet, il est court, 220 pages en version poche à peu près ! Et c'est écrit relativement gros, donc vraiment, on peut le lire en deux soirées =)
      Et il fauuuut que tu lises les Hunger Games (comme ça j'aurai une personne de plus avec qui partager mon fandom, ma passion pour Hunger Games va finir par éclater à l'intérieur de moi si ça continue u_u)

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  4. J'ai été retournée et bouleversé par ce livre. Très poétique, mais où on a un nœud dans l'estomac pendant toute la lecture. Je le recommande !

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  5. Je ne connaissais pas ce titre, c'est désormais chose faite !^^
    D'ailleurs, je l'ai ajouté à ma WL car il m'intrigue beaucoup...

    Concernant Hunger games, je cours de ce pas découvrir ce que tu as pensé de la trilogie ;)

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«Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire»
Maurice Blanchot

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