Pages

dimanche 14 avril 2013

Chronique de "Je veux vivre", Jenny Downham



Je veux vivre, de Jenny Downham.


"Tessa vient d'avoir 16 ans et se sait condamnée. Dans quelques semaines, elle mourra d'une leucémie. Partagée entre la révolte et l'angoisse, l'injustice et les aspirations propres à son âge, Tessa décide de tout connaître de la vie avant de mourir, y compris les transgressions, la célébrité...

Aidée de sa meilleure amie, de ses parents qui acceptent tout, Tessa se lance alors dans une course contre la montre, contre la mort, pour vivre !"








J'avais lu ce livre quand j'avais 17 ans car il était sur le présentoir d'une librairie de mon quartier et les critiques étaient excellentes. Et j'avais eu du mal. Je veux dire, je l'avais lu rapidement, pas de problème, on entre dedans sans trop buter et on a envie de lire la suite, mais ce n'est évidemment pas n'importe quelle histoire. De plus j'avais connu quelques difficultés à accrocher avec Tessa, que je trouvais très fermée, et qui présentait un mélange de maturité et de naïveté qui me dérangeait.

Puis je l'ai relu l'autre jour (j'ai 20 ans à présent) et j'ai beaucoup aimé, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout.

Tessa veut vivre avant de mourir. C'est bien normal, elle n'a que seize ans, elle ne veut pas partir sans avoir connu un peu de beauté dans sa vie. Avec sa meilleure amie Zoey, qui est complètement déjantée, elle prépare alors une liste de choses à faire : sortir en boîte, faire l'amour, passer à la radio, se droguer, voler quelque chose dans un magasin... autant d'interdits, de jeux dangereux que Tessa va réaliser. Quitte à ne pas être satisfaite du résultat du tout, et quitte à précipiter sa ruine (par exemple, elle sait que si elle sort en boîte, elle ne pourra pas quitter le lit pendant une semaine avant de récupérer, mais pour elle ça vaut le coup : elle préfère avoir l'illusion d'être une personne à la santé normale l'espace d'un instant quitte à en pâtir après plutôt que de s'enfermer dans son lit de malade et se laisser mourir).

Mais dans l'aventure, elle découvre par hasard des choses qui valent la peine d'être vécues : elle tombe amoureuse du dernier garçon dont elle aurait pu imaginer s'éprendre, elle accompagne sa meilleure amie dans sa grossesse, elle donne des conseils à sa famille et à ses proches quant à la continuation de leur vie après qu'elle parte...

Certaines expériences sont racontées de manière assez crue : les déceptions de la première fois, les piqûres, les effets de la drogue, le rapport à la police... le roman refuse de prendre un ton sentimentaliste car Tessa, avant la toute fin, ne se comporte pas vraiment comme si elle allait mourir bientôt. Elle ressent un vide entre elle et les autres, oui, mais elle ne veut pas être une victime

Les personnages secondaires sont très importants aussi, car bizarrement ce sont eux qui nous aident à ressentir de l'empathie pour Tessa, en raison de la fermeture émotionnelle de cette dernière durant la première partie du roman. Son père est bouleversant, Adam (son petit ami qui est là jusqu'à la fin pour elle) est un ange, et sa meilleure amie Zoey, quoiqu'assez frivole, légère, et déjantée, revient toujours quand il le faut, et on comprend pourquoi Tessa ne peut avoir qu'une amie comme elle : elle ne la prend pas en pitié, et la soutient dans tous ses jeux et défis, donc elle l'aide à mener à bien ses projets.

J'ai adoré les derniers chapitres notamment. Tessa meurt à petit feu, elle dort de plus en plus, elle ne perçoit plus que des bribes de conversations, et sa vision de la réalité devient de plus en plus poétique. Ces derniers chapitres ressemblent à de véritables poèmes en vers libre. Ce sont des morceaux, des fragments juxtaposés les uns aux autres, avec le blanc de la page, terrifiant, qui les sépare, et qui représente le sommeil, bientôt relégué par la mort.

Bien plus qu'un roman qui s'apitoie sur le sort tragique et précoce d'une jeune fille, c'est une leçon de vie, et même une injonction à vivre, de la part de celle qui avait très peu de temps et qui pourtant, a vécu en quelques semaines avec une intensité grandiose.


A lire absolument.

Le livre est conseillé "A partir de 15 ans". Je pense que c'est un bon âge.
17€, publié chez Plon Jeunesse.

Alacris

7 commentaires:

  1. Ta chronique est très touchante =)
    Tu sais ce que j'ai pensé de ce livre, mais ton avis me donne envie de le reprendre dans quelques années. Je ne l'ai vraiment pas lu au bon moment, je n'ai pas saisi le plus important de la lecture. En même temps, c'était deux semaines après tu sais quoi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est sûr que dans ta situation, c'était difficile à apprécier. Bizarrement on a besoin d'être déconnecté de quelque chose pour être capable de s'en laisser toucher, sinon c'est de l'émotion qui n'a rien d'artistique, encore moins de cathartique.

      J'ai vraiment été très surprise par ma relecture ! J'étais restée sur l'impression d'une héroïne désagréable et puérile avec une suite de clichés tout au long du bouquin... je devais être aigrie quand je l'ai lu 0.0 ! Bon, ce n'est pas l'oeuvre du siècle hein, mais il mérite vraiment la peine d'être lu, et je pense qu'il a beaucoup à enseigner. D'ailleurs je crois que l'auteure était infirmière et s'occupait de filles comme Tessa, ou quelque chose dans ce genre-là, et c'est ça qui lui a donné envie de témoigner, pour faire partager cette expérience.

      Supprimer
  2. Très bel avis ^^. J'ai une relation toute particulière avec ce livre pour plusieurs raisons ( le sujet, la fin beaucoup trop familière et le fait que je l'ai lu pendant une période plutôt "bad" ) qui font qu'il fait parti de mes livres préférés ( très certainement dans mon top 5 xD ). Je pense que je le relirai encore plusieurs fois histoire de ressentir un jour cette "injonction à vivre" comme tu le dis très justement ;).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je peux imaginer, oui. N'hésite pas à le relire quand tu te sentiras plus légère, il devrait te parler plus encore =)
      Et merci <3

      Supprimer
  3. J'ai un peu ma dose de romans "éprouvants" en ce moment après Wonder de RJ Palacio et Nos étoiles contraires de John Green, mais je le note pour plus tard ^^

    RépondreSupprimer
  4. Je l'ai lu l'année dernière... Pas le livre du siècle, certes. Mais l'un des rares au monde à m'avoir fait pleurer (le troisième, si je ne m'abuse). Il en faut pour qu'un livre me touche énormément, m'émeuve, me bouleverse...
    Ce que j'ai aimé, outre la volonté de fer de Tessa, c'est surtout le personnage du père... Il m'a vraiment fait quelque chose au coeur. Je ne pense pas que je le relirai un jour, car je sais que je ne ressentirai pas ce que j'ai ressenti la première fois que je l'ai lu.
    Mais je sais qu'il me marquera toujours.

    RépondreSupprimer

«Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire»
Maurice Blanchot

L'avis de chacun compte. N'hésitez pas à me laisser le vôtre !