The wall of stuff : L'Amour et Psyché

L'expression "the wall of stuff" vient de mon youtuber préféré, charlieissocoollike, dont le mur recouvert de trésors en tous genres fascine la communauté youtubeuse depuis plusieurs années...

Hello hello !

Alors voilà : l'autre jour, je regardais mon mur, et je me disais que j'avais plein de jolies cartes dessus, issues de boutiques de musées divers et variés.

(et beaucoup de sous-verres à bière, aussi)

Et puis je me suis dit que ce serait sympa d'en faire un rendez-vous (irrégulier bien sûr, sinon ça perdrait tout son intérêt, héhé) où je vous présenterais à chaque fois l'une de ces petites perles qui égayent le mur au-dessus de mon bureau Ikea.

J'ai choisi de commencer par...

L'Amour et Psyché, 1817, de François-Edouard Picot. 

Toile exposée au Louvre.

Pourquoi ce tableau ?

Eh bien, j'ai toujours adoré le mythe de Cupidon et de Pscyhé. Ce tableau représente, comme vous le voyez, Cupidon s'en allant au matin avant que Psyché ne se réveille, car il l'a prise pour femme à condition qu'elle ne cherche jamais à le voir et découvrir sa vraie nature. Aussi leurs moments en commun ne sont jamais que dans le lit (classique), et toutes lumières éteintes). Dans la version la plus courante du mythe d'ailleurs, Psyché, rongée par sa curiosité et terrifiée à l'idée que son mari ne soit un monstre, se penche sur lui pendant son sommeil avec sa bougie, et la cire brûlante de celle-ci se renverse sur Cupidon, qui se trouve alors obligé de quitter sa femme et s'envole par la fenêtre. Mais le mythe se termine sur une restauration de l'ordre et Psyché finit par être reçue par les dieux, happily ever after etc.

Ce qui me plait dans ce mythe, c'est la question de l'interdit de voir l'autre. De ne pouvoir le côtoyer que dans le noir.

Ce schéma a d'ailleurs été largement repris dans les romans de la Table Ronde avec les fées séductrices (Mélusine, Morgane...) qui tombent amoureuses d'un chevalier et lui permettent de vivre avec elles, mais à la condition de ne pas briser tel ou tel serment (dans le cas de Mélusine, si je me souviens bien, son époux doit se tenir loin d'elle une semaine par mois car elle se transforme en serpent et il ne doit pas le découvrir).

Bref, l'amour se fonde sur le caché. Vision pessimiste de l'amour, comme quoi si on savait tout de l'autre, il n'y aurait pas d'entente possible ? Je ne crois pas. Certes il y a probablement de ça dans cette histoire, mais il y a aussi la dichotomie entre l'humanité de Psyché et la divinité de Cupidon. Ce dernier cherche à préserver Psyché en l'empêchant de le voir, car la divinité dépasse l'entendement humain, et les ténèbres sont donc pour eux une façon de se trouver sur un pied d'égalité. Et puis dans le noir, on ne réduit pas l'autre à un objet en regardant son corps ; ce serait donc une manière de sentir la présence de l'autre, mais ne la sentir qu'à moitié. Laisser de l'inconnu, au lieu de réduire l'autre à un objet déterminé.

Ce tableau me plait car il représente un moment-limite : le jour s'est levé, Cupidon doit se hâter de partir sinon Psyché le verra. Il écarte le rideau du lit et s'apprête à le faire retomber derrière lui, comme si la scène allait prendre fin. Ses ailes sont déjà déployées, il est sur le point de partir voler quelque part. Et en même temps Psyché est encore dans une position d'étreinte, Cupidon a encore la jambe sur le lit, plus précisément sur le drap rouge de la passion... bref, c'est un entre-deux, et c'est peut-être mon dada, mais j'adore tout ce qui se trouve dans l'entre-deux.

Alacris.